Elles s’appellent Reggie Rocket, Lisa Simpson, Daria Morgendorffer, Jane Lane, Penny Proud ou encore Ashley spinelli. Ces prénoms vous évoquent probablement un souvenir de jeunesse. Ce sont des héroïnes de l’écran qui ont bouleversé les codes de la programmation télévisuelle jeunesse. Ces personnages fictifs sont devenus des icônes du Féminisme malgré elles.
La création de ces personnages jeunesse a permis à de nombreuses fillettes de s’émanciper enfin du stéréotype de la « princesse Disney et son prince charmant. » Des petites filles ont pu s’imaginer vivre la vie d’Eliza de La Jungle , curieuse fillette (dotée d’un pouvoir magique, la veinarde communique avec les animaux) faisant le tour du monde en famille en allant à la rencontre de nouvelles cultures et différentes populations. D’autres s’identifient davantage à Penny Proud de la série Cool Attitudee, jeune afro américaine passant son temps à se surmonter dans des activités physiques, des challenges scolaires; mettant ainsi en relief sa volonté de prouver au monde ses compétences, et son indépendance. Elle refuse notamment d’être sous le joug de son père Oscar. N’oublions pas Ashley Spinelli qui refuse d’entendre que les garçons sont plus forts en sport, leitmotiv l’obligeant ainsi à régner en véritable terreur crainte par tous dans la cour de récréation. N’est-ce pas là, la preuve que les filles doivent se surpasser pour contourner les discriminations.


Je me souviens à ce propos de l’épisode ou nous apprenons que Spinelli s’appelle en réalité Ashley ce qui l’a contraint d’intégrer le clan des Ashleys véritable stéréotype du groupe de filles « girly » préoccupées par leur apparence. Je me souviens de la tête de Spinelli accablée à l’idée de porter un tailleur pour être une vraie fille, une vraie Ashley. Cet épisode a mis l’accent sur la dualité , notion omniprésente dans les débats féministes. Cette même dualité qui oppose Lisa Simpson à sa mère Marge. Lisa du haut de ses 8 ans déteste les inégalités de genres, elle tente souvent de sensibiliser les citoyens de Springfield à de multiples causes , un personnage éco féministe qui reproche régulièrement à sa mère son statut de femme au foyer. Un épisode à voir et à revoir est « Lisa s’en va en guerre » Lisa hérite d’un petit pécule de son grand père et décide d’acheter la poupée qui parle Malibu Stacy. Jusqu’ici tout va bien. Toutefois, elle découvre que la poupée est en réalité un outil de propagande puisque les phrases qu’elle récite cantonnent les femmes à un rôle bien précis. Ayez tous une Lisa Simpson dans votre école !



Je pense également à toutes ces adolescentes qui se sont reconnues en Daria Morgendorffer personnage totalement anticonformiste et en décalage avec sa génération. Cela ne vous rappelle pas vos années de lycée ? la pression du conformisme, le sexisme, le harcèlement, la pression scolaire, le culte de la beauté. Daria a légitimé la « normalité » et tout cela dans un sarcasme désinvolte. Un programme très adapté aux ados et jeunes adultes qui chatouille le second dégré.

En bref, Je tire mon chapeau à tous ces productrices.eurs et réalisatrices.eurs qui ont misé sur des personnages féminins car le challenge était risqué. Il faut le dire, une héroïne rapporte davantage à une production si elle est dénudée. Iels ont osé s’approprier des personnages féminins intelligentes, sportives aventurières curieuses, sensibles et combatives. Ces êtres de papier sont devenus des icônes pop culture du féminisme. Les programmes jeunesse représentent un enjeu fondamental car l’image qui est renvoyée aux enfant participe de leur construction en tant qu’individu.